Putsch ou coup d’État: Robert Dossou nuance les événements du 7 décembre
L’ancien président de la Cour constitutionnelle, Me Robert Dossou, a apporté un éclairage conceptuel sur les termes « putsch » et « coup d’État », souvent employés de manière interchangeable dans le débat public.
Pour le juriste, les événements survenus le 7 décembre 2025 relèvent, au sens strict, d’un putsch, également qualifié de pronunciamiento.
Selon lui, le terme pronunciamiento, issu de l’Amérique latine, désigne une forme d’intervention militaire caractéristique des putschs. Sur le plan des sciences politiques, Me Dossou rappelle qu’un putsch se définit comme la situation dans laquelle une institution de l’État non investie du pouvoir politique s’empare de ce pouvoir pour l’exercer.
À l’inverse, le coup d’État, précise-t-il, intervient lorsque un organe de l’État déjà investi du pouvoir politique prive les autres institutions de leurs prérogatives et accapare l’ensemble de la fonction politique. Il s’agit donc d’une différence fondamentale tenant à la position institutionnelle de l’auteur de l’acte au moment où celui-ci est posé.
Me Robert Dossou met également en garde contre ce qu’il appelle une usure sémantique. Selon lui, l’évolution du langage politique conduit à employer abusivement l’expression « coup d’État » pour désigner des réalités distinctes.
Il critique notamment l’usage de qualificatifs comme « coup d’État constitutionnel », estimant qu’une telle formule laisse croire, à tort, qu’un coup d’État pourrait être validé par la Constitution. À ses yeux, il conviendrait plutôt de parler de coup d’État à la Constitution ou contre la Constitution, ou d’utiliser d’autres expressions juridiquement plus exactes.
Le juriste souligne enfin que le putsch comme le coup d’État relèvent chacun de statuts juridiques précis, même si, dans certaines situations, leurs manifestations peuvent se rapprocher. Il indique par ailleurs que des coups d’État particulièrement graves peuvent parfois s’opérer à travers certaines lois, rappelant ainsi que la rupture de l’ordre constitutionnel ne se limite pas toujours à l’usage des armes.