Législatives 2025 en Côte d’Ivoire : le front Gbagbo–Thiam fragilisé par la stratégie du PDCI
En Côte d’Ivoire, le boycott des législatives par le PPA-CI et la décision du PDCI-RDA d’y participer ravivent les tensions au sein du front commun formé en vue de la présidentielle de 2025, rapporte Africa Intelligence.
Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam
Créé entre juin et juillet 2025, le bloc réunissant le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA de Tidjane Thiam montre déjà des signes de fragilité. En cause : l’annonce par le PDCI de candidatures dans plus de 130 circonscriptions pour les législatives de décembre, sans consultation préalable du PPA-CI. Une initiative qui aurait fortement déplu à Laurent Gbagbo, selon le média.
Le front commun avait été pensé comme un outil de pression politique en vue de la présidentielle, avec deux priorités : constituer un contrepoids face au parti au pouvoir et obtenir un cadre électoral jugé plus équitable. Les deux formations réclament notamment la réintégration de plusieurs figures de l’opposition sur la liste électorale, parmi lesquelles leurs propres leaders.
Depuis août 2025, la coalition a organisé plusieurs marches et manifestations pour dénoncer ce qu’elle qualifie de répression politique et pour contester un éventuel quatrième mandat d’Alassane Ouattara. C’est dans ce contexte que le PPA-CI a choisi de boycotter les législatives, une stratégie destinée à maintenir la pression sur l’exécutif et à afficher l’unité de l’opposition.
Mais la ligne adoptée par le PDCI rompt avec cette posture commune. Le choix du parti de Tidjane Thiam d’entrer en campagne aurait créé un sérieux malaise entre les deux hommes. D’après Africa Intelligence, Laurent Gbagbo aurait « très mal accueilli » cette décision unilatérale, qu’il considère comme un désaveu au moment où la cohésion du front était cruciale.
Ces tensions s’inscrivent dans une relation déjà fragile. Mi-2024, Gbagbo avait confié à son entourage vouloir prendre ses distances avec Thiam, après des propos attribués à l’ex-banquier alors qu’il vivait encore à Bruxelles. Une tentative de rapprochement avait toutefois eu lieu en août 2024 aux États-Unis, lors d’un échange entre Habiba Touré, avocate et conseillère de Gbagbo, et Tidjane Thiam, en marge d’un événement du National Democratic Institute (NDI).
Début 2025, les deux dirigeants avaient finalement convenu de surmonter leurs différends pour présenter un front uni face au président Alassane Ouattara en vue de la présidentielle.