Glas du mythe des juntes en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Signature de la Charte du Liptako-Gourma instituant l’Alliance des États du Sahel (AES)
Mais des mois et des années après quel bilan peut-on faire ? L’avènement des hommes en uniforme a-t-il permis de changer la donne ou l’éléphant annoncé est arrivé avec des pieds cassés ?
La réponse à ces questions sans faux-fuyants et avec circonspection permet d’avoir une perception de l’apport de ces nouvelles autorités, et leurs limites. Ce, afin de se projeter dans les perspectives de gouvernance des Etats en Afrique de l’Ouest, face aux différents enjeux, notamment de développement et géostratégiques.
Quid des droits et libertés fondamentaux ?
L’avènement de nouvelles autorités au pouvoir dans certains Etats d’Afrique de l’Ouest, au Sahel notamment a été annoncé comme pour rectifier les égarements des anciennes autorités dont la gouvernance rime avec des relents autoritaires. Ce qui sous-entend que si les nouvelles autorités gèrent légèrement mieux que les pouvoirs auxquels ils ont succédé le tournant amorcé serait un égarement. Ils avaient donc la responsabilité de gouverner nettement mieux. Mais à l’arrivée qu’est-ce qui s’observe ?
Aussitôt installés que les pratiques autrefois remises en cause ont été perdurées voir exacerbées.
Au Mali, plus de trois ans après l’avènement de la junte au pouvoir pour rectifier un recule démocratique, visiblement la restauration de ces valeurs peine dans le pays. Au rendez-vous, la restriction de toute expression dissidente par les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 en renversant le président civil Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Entre coupures d’émission de médias dits impérialistes, interdictions de manifestations, mise entre parenthèse des partis politiques le bilan sur la restauration de la démocratie reste un cuisant échec. La formule trouvée pour soutenir ceci est : « Souvent, c’est la démocratie qui est utilisée pour tuer la démocratie » ou encore « angélisme démocratique » au service des « ennemis du Mali ». L’imam Mahmoud Dicko leaders des mouvements de la Coalition du M5-RPF qui ont contribué à renverser le régime déchu s’est exilé de fait en Algérie d’où il pourfend les nouvelles autorités.
Depuis le 10 avril 2024 « jusqu’à nouvel ordre » pour raisons d’ordre public les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sont suspendus suite à une déclaration commune le 31 mars de plusieurs partis et organisations de la société civile pour déplorer le « vide juridique et institutionnel » laissé par le non-respect de l’échéance du 26 mars pour la fin de la Transition conduite par les militaires.