En RDC, Tshisekedi et le casse-tête de la révision constitutionnelle

Le président de la République démocratique du Congo Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et le président Russe Vladimir Poutine à Sotchi (Russie).
Selon le président, réélu en décembre 2023 pour un second et dernier mandat, ainsi que des membres de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l’actuelle Constitution de 2006 n’est plus adaptée aux réalités de la RDC. Il est donc urgent, selon eux, d’opter pour une nouvelle loi fondamentale qui ne constitue pas un frein au fonctionnement du pays. Plusieurs articles sont jugés problématiques, notamment ceux limitant les mandats présidentiels. La Constitution actuelle est également critiquée pour sa complexité, notamment dans l’élection des gouverneurs de province et la mise en place des institutions. On lui reproche même d’avoir été rédigée hors du territoire congolais.
Cette initiative a immédiatement éveillé les soupçons de l’opposition et suscité des réactions au sein de la société civile congolaise, qui redoute une manœuvre pour permettre un éventuel troisième mandat.
Tshisekedi avec le vent en poupe ?
Curieusement, c’est cette même Constitution qui a permis à Tshisekedi d’accéder à la magistrature suprême, non pas une, mais deux fois. Et pourtant, elle est aujourd’hui remise en question. En choisissant Kisangani, ville où une partie des travaux ayant conduit à la loi fondamentale de 2006 s’étaient tenus, Tshisekedi entretient un symbole fort. Cependant, malgré sa détermination affichée, ce projet ne s’annonce pas sans obstacles.
Malgré une large majorité au Parlement, Tshisekedi pourrait faire face à des résistances. Comme le rappelle un proverbe africain : « Ce n’est pas parce que l’oiseau est petit qu’il faut le manger avec ses plumes. »
Une bataille rangée en vue ?
Parmi les dispositions de l’actuelle Constitution en ligne de mire figure l’article 217, qui stipule que « La République démocratique du Congo peut conclure des traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine ». Lors d’un meeting à Lubumbashi le 16 novembre dernier, Tshisekedi a critiqué cette disposition, affirmant qu’elle permettrait une « vente » de la souveraineté congolaise à d’autres États africains.
Le président a également rejeté les critiques de l’opposition, qu’il accuse de n’avoir rien à proposer, et s’est montré ferme face à la société civile, notamment la conférence épiscopale du Congo, qui s’oppose au projet de révision. Tshisekedi affirme qu’il ne changera pas d’avis.