Crue au Bénin: les populations sous le dictat de l’eau à Sô-Ava

Des maisons abandonnées par des habitants, sous la pression de l’eau. Photo : Cochimau S. HOUNGBADJI
Maisons, écoles, églises, centre de santé ; rien n’a résisté à la montée des eaux à Sô-Ava. Dans le quartier Dogodo, plusieurs habitants ont été contraints de quitter leurs domiciles pour trouver refuge chez leurs proches, amis et familles dont les maisons sont encore en état. « C’était une question de vie ou de mort. La seule solution, c’était de quitter », a confié un sinistré, avec un regard évasif, perdu et incertain.
Malgré la pression de l’eau, tout le monde n’est pas parti. Ceux dont les maisons pouvaient encore tenir malgré la montée des eaux, sont restés en prenant des précautions. Dans les chambres, les habitants ont posé des briques et des bois pour remonter la surface plane, histoire d’échapper à l’eau.

Le domicile de Pierre Kakessou, ex Premier adjoint au maire de Sô-Ava n’a pas échappé à la fureur de l’eau. Selon ses explications, l’eau avait pris d’assaut, non seulement la cour intérieur, mais aussi les chambres, avec des dégâts. Les traces visibles sur le mur témoignent de ce qu’il a vécu. On l’a d’ailleurs surpris en train de sécher des documents importants qui ont été touchés par l’eau.
Les habitants soumis à un nouveau mode de vie
A Sô-Ava centre qui abrite les locaux de la Mairie, il y a encore quelques semaines, pour atteindre les agglomérations, il fallait juste traverser une petite étendue d’eau, sur quelques minutes. Mais depuis que la crue s’est affirmée, il faut un peu plus de 25 minutes pour atteindre les habitations où il n’y a pratiquement plus de terre ferme. Une situation qui a changé le mode de fonctionnement et la vie quotidienne des « Avavi ».
Depuis que nous avons été surpris par la visite indésirable de l’eau, nous sommes obligés de tout faire dans l’eau. Le niveau d’eau est élevé et ne permet pas de circulER normalement à pied, comme avant. Impossible de se déplacer sans barque. Ce qui n’était pas le cas avant la crue.
Julienne Sènan Gbénou, sinistrée
A la date du 16 octobre 2022, malgré le recul timide des eaux, le constat est alarmant. En réalité, presque tout est aux arrêts à Sô-Ava. « De façon concrète, il n’y a plus d’activité dans la commune », nous a confié Cyrille Ahouadi, président de l’Association des étudiants ressortissants de Sô-Ava.

