Au Bénin, près de 73 % de la dette publique détenue par des créanciers étrangers
Selon le dernier Rapport d’Analyse de Viabilité de la Dette publique (AVD 2025) de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette du Bénin (CAGD), la dette extérieure reste la composante dominante du portefeuille d’endettement du pays. À fin décembre 2024, près de 73 % de la dette publique béninoise est détenue par des créanciers étrangers.
Cotonou, la Capitale du Bénin Photo: Présidence du Bénin
Selon le rapport, l’encours total de la dette publique représente 53,4 % du PIB, dont 38,8 % du PIB pour la seule dette extérieure, soit environ 5 054 milliards de FCFA. Cette prépondérance s’explique par la stratégie de financement adoptée ces dernières années, qui privilégie les ressources concessionnelles et les emprunts sur les marchés internationaux pour financer les grands projets du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG).
Les institutions multilatérales — Banque mondiale, FMI, Banque africaine de développement (BAD) et Banque ouest-africaine de développement (BOAD) — concentrent à elles seules plus de la moitié des créances extérieures (53 %). Le reste provient des marchés financiers, notamment via les eurobonds (27,3 % de la dette extérieure) et des prêts contractés auprès de banques commerciales internationales.
Un risque de change maîtrisé mais non nul
Autre enseignement du rapport, la structure monétaire de la dette extérieure limite en partie l’exposition du Bénin aux fluctuations du taux de change. Près de 73 % de la dette extérieure est libellée en euros, contre 15 % en dollars américains. Ce profil réduit les risques liés à une forte variation du dollar, même si le rapport souligne la sensibilité du service de la dette à une dépréciation du FCFA.
Le test de résilience mené dans le cadre de l’AVD montre d’ailleurs qu’un choc de change important pourrait alourdir temporairement le ratio service de la dette sur les recettes budgétaires, actuellement évalué à 16,9 % en 2027 dans le scénario de référence.
Pour contenir la vulnérabilité liée à cette dette extérieure, le gouvernement a entrepris en 2025 plusieurs opérations innovantes. L’émission d’un eurobond de 500 millions de dollars US, transformé en 486 millions d’euros pour réduire le risque de change, et la signature d’un prêt commercial de 500 millions d’euros partiellement garanti par la Banque mondiale et l’ATIDI, illustrent cette stratégie d’endettement plus prudente.
Une partie de ces fonds a servi à racheter anticipativement une euro-obligation 2032, réduisant de 45 % le principal restant dû et générant plus de 20 millions d’euros d’économies nettes pour le Trésor public. Ces opérations ont contribué à lisser le profil de remboursement et à abaisser le coût moyen du service de la dette.