Accord minier tripartite USA-RDC-Rwanda: une manœuvre impérialiste pour mieux légitimer le pillage du Congo

Accord minier tripartite USA-RDC-Rwanda
Mais derrière les discours relatifs à la coopération et à la sécurité se cache une nouvelle forme de domination impérialiste. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un retour maquillé au vieux système de protectorat colonial qui, hier comme aujourd’hui, n’a pour but que la soumission et l’exploitation du peuple congolais.
La RDC depuis son indépendance formelle en 1960 n’a connu que guerres, interventions étrangères et instabilité chronique. Ce chaos n’est pas le fruit du hasard : il est savamment entretenu par les puissances impérialistes afin de garder la main sur les immenses richesses du sous-sol congolais. Cobalt, coltan, cuivre, fer, manganèse, diamant, or, uranium, lithium, terres rares… sont autant de ressources stratégiques convoitées par les monopoles capitalistes pour faire tourner leurs industries et alimenter leur transition technologique. Mais ces richesses ne profitent en rien au peuple congolais. Au contraire, elles sont sources de guerre, de misère et de désolation, avec plus de 6 à 8 millions de morts en trente ans dans l’Est du pays.
Dans ce dispositif de prédation, le Rwanda de Paul Kagamé joue un rôle de sous-traitant. Depuis des décennies, ce pays, appuyé, financé et protégé par les puissances occidentales notamment les États-Unis, la France et la Belgique sert de point d’appui militaire et logistique pour l’occupation et le pillage des provinces orientales de la RDC. Les crimes commis par les groupes armés comme le M23, soutenus par Kigali, sont largement documentés. Pourtant, les grandes puissances ferment les yeux, car ces crimes leur garantissent un accès indirect mais sûr aux minerais congolais, sous couvert de chaînes d’approvisionnement « officielles ».
C’est dans ce contexte que le régime en place à Kinshasa, affaibli, corrompu et totalement dépendant, choisit de tendre la main à son bourreau en vue de signer un accord minier avec les États-Unis, principal protecteur du Rwanda et avec aussi le Rwanda. De ce fait, la RDC institutionnalisera sa propre domination.
Cet accord imminent, présenté comme un partenariat sécuritaire, n’est rien d’autre qu’un traité de protectorat, comme ceux signés au temps de la colonisation par des rois africains dupés ou contraints. Il ne vise nullement la protection du peuple congolais, mais la sécurisation des intérêts impérialistes dans la région, au détriment de la souveraineté du pays. Qu’on se souvienne qu’il y a un an (février 2024), l’Union européenne a signé un accord avec le Rwanda sur les chaînes de valeur durables pour les matières premières alors que la guerre bat son plein en RDC avec l’implication du Rwanda aux côtés des rebelles du M23. Et il est prouvé et documenté par l’ONU et les pays de l’OTAN que le Rwanda arme le M23 et pille les ressources minières de la RDC en retour. Et donc, ce genre d’accord est si horrible que les Eurodéputés ont voté une résolution en février 2025 pour exiger la suspension de cet accord, le gel de l’aide budgétaire et militaire au Rwanda et au M23. Les USA aussi avaient sommé le Rwanda de cesser l’agression contre la RDC. Et l’ont même menacé de sanctions. Mais voilà, ce sont pratiquement les mêmes qui aujourd’hui s’activent autour d’un accord minier sur la RDC.
Et de ce fait alors, cet accord légitimera en plus grave l’agression du Rwanda contre la RDC. Il fait de Washington un arbitre dans un conflit où il est clairement juge et partie. En réalité, la victime (la RDC) se place sous la tutelle du protecteur de son bourreau (le Rwanda). C’est un véritable scandale politico-diplomatique qui démontre le degré d’aliénation de certains dirigeants africains.